« L’Éducation nationale, elle est meurtrie » : le cri d’alerte des enseignants lors de l’hommage à Mélanie, ce mercredi à Troyes
Écrit parEva GARNIERle 14 juin 2025
Une centaine de personnes s’est réunie mercredi dernier devant l’hôtel de ville de Troyes, après avoir répondu à l’appel du syndicat national des enseignants du second degré (Snes-FSU). Tous venus rendre hommage à Mélanie, surveillante poignardée mardi matin par un collégien de 14 ans, devant le collège Françoise Dolto à Nogent, en Haute-Marne.

Devant l’hôtel de ville de Troyes, la colère se mêle à l’émotion. « C’est la troisième fois qu’on se rassemble pour rendre hommage à des collègues. On aimerait que ça ne se reproduise pas. C’est une fois de plus, une fois de trop », Rudy Trevet, professeur de mathématiques et représentant du Snes-FSU, exprime la lassitude d’un corps enseignant à nouveau endeuillé. Tous espèrent désormais des mesures concrètes.
« L’Éducation nationale, elle est meurtrie »
Rudy Trevet, professeur de mathématiques et représentant du Snes-FSU
Réunis pour rendre hommage, enseignants, élus et citoyens ont observé une minute de silence. « On est toujours sidérés. On ne comprend pas ce qu’il se passe. Ce déferlement de violence devient presque notre quotidien », déplore encore Rudy Trevet.
Le drame de Nogent a rapidement pris de l’ampleur, notamment sur les réseaux sociaux, relançant le débat sur la sécurité dans les établissements scolaires. « On sent que l’opinion publique prend enfin conscience des difficultés à exercer aujourd’hui dans l’Éducation nationale, devenue une cible. On espère que cela se traduira par des actions concrètes et que la situation évoluera vraiment ».
Des mesures fortes attendues
« Les moyens humains, on les réclame depuis longtemps. Aujourd’hui, c’est une infirmière pour 1600 élèves. Il y a un vrai problème de santé mentale chez les jeunes. L’école a besoin de moyens, c’est urgent », insiste-t-il. Les annonces de François Bayrou et Emmanuel Macron divisent. Sur les portiques de sécurité, le scepticisme domine : « Un portique ne bloquera jamais un couteau. Si un élève veut vraiment venir avec une arme, il trouvera toujours un moyen. » Quant à l’interdiction d’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, « d’après les retours des établissements, c’est un fléau. Les élèves s’en servent n’importe comment, en toute impunité. Cette interdiction, on l’attend », confie Rudy Trevet.
Le procureur de la République de Chaumont, Denis Devallois, a livré les premiers éléments mercredi dernier. Le suspect a reconnu les faits en garde à vue. « Aucun trouble mental n’a été relevé. Il n’a exprimé ni regret, ni compassion pour la victime », a-t-il précisé.