400 bouteilles de bière ont passé un an dans les profondeurs du lac du Der
Écrit parEva GARNIERle 7 août 2025
Fin mai 2024, 400 bouteilles de bière de la Brasserie artisanale du Der ont été immergées au fond du lac du Der. Il y a quelques semaines, elles ont été remontées après avoir vieilli pendant un an à plus de dix mètres de profondeur, dans les eaux du plus grand lac artificiel de France.

Surprise : l’eau ne diminue pas la teneur en alcool ! 400 bouteilles de bière ambrée ont vieilli pendant un an au fond du lac du Der. Derrière cette initiative, la Brasserie artisanale du Der (Haute-Marne). L’idée : célébrer les 50 ans du lac et découvrir si le temps passé sous l’eau pouvait révéler de nouvelles saveurs. Un pari réussi pour Laure Cotten, cogérante de la Brasserie artisanale du Der, qui voit au-delà de l’expérience une belle aventure collective.
400 « bières des villages engloutis » pour célébrer 50 ans d’histoire
« On dit toujours que le lac du Der, c’est la mer en Champagne. Un jour, j’ai lancé, un peu pour rire : ‘Et si on faisait l’inverse ? Si on mettait de la bière dans le lac ! ’ », se souvient Laure Cotten, cogérante de la Brasserie artisanale du Der. L’idée, née entre amis lors d’un apéritif, a mûri pendant des années avant de trouver son moment : le cinquantième anniversaire du lac.
Pour cette expérience, les brasseurs ont misé sur une valeur sûre : une recette ambrée qu’ils maîtrisent depuis plus de vingt ans. Résultat : « On a une bulle plus fine, l’amertume et les épices se sont adoucies, et la mousse est devenue crémeuse. C’est une vraie réussite », se réjouit-elle. Commercialisée sous le nom de « Bière des villages engloutis », cette bière rend hommage à Chantecoq, Champaubert et Nuisement, trois communes sacrifiées en 1974 pour permettre la création du lac-réservoir.
« Un petit côté pirates »
Laure Cotten, cogérante de la Brasserie artisanale du Der avec Edouard Bernard
L’engouement a été tel que, pendant des mois, le téléphone de la brasserie n’a cessé de sonner. Les amateurs voulaient connaître la date exacte où les fameuses bouteilles allaient remonter des profondeurs du lac. Vendues 15 euros l’unité, les bières se sont écoulées en un éclair. Une partie des recettes a été reversée au village Musée du Der, à Sainte‑Marie‑du‑Lac‑Nuisement. « Ils font beaucoup pour préserver l’histoire du lac. C’était une évidence de les soutenir », souligne Laure Cotten.
Le jour de la collecte des bouteilles restera gravé dans les mémoires. « Il y avait un petit côté pirates, voir notre trésor remonter à la surface… C’était un moment fort pour toutes les personnes qui nous ont aidés à concrétiser cette idée ». Parmi les clients, certains avaient autrefois vécu dans les villages aujourd’hui engloutis par le lac et tenaient à découvrir cette bière si particulière. « Nous sommes vraiment heureux des retours de nos clients, mais aussi des discussions que cela a suscitées sur l’histoire du lac et les conditions de sa création. » Face au succès, la brasserie n’exclut pas de retenter l’expérience, peut‑être avec une brune ou une recette plus corsée. « On vient tout juste de terminer le projet, on ne sait pas encore… », confie la cogérante, consciente des difficultés pour obtenir à nouveau les autorisations nécessaires.