« Graver la couleur d’un papillon dans le marbre » : une résidence d’artistes inédite à l’UTT
Écrit parEva GARNIERle 2 mai 2025
L’Université de Technologie de Troyes et MAAJ – Association pour une culture en mouvement, ont lancé au sein du campus un laboratoire d’innovations culturelles pour favoriser le dialogue entre arts et sciences. De janvier à mai, trois binômes d’artistes plasticiennes et de doctorants du L2n (Laboratoire Lumière, nanomatériaux & nanotechnologies) ont exploré de nouvelles formes de création.
Le projet de Margaux Gaillard, doctorante au laboratoire L2n de l’UTT (à gauche) et de Dominique Peysson, plasticienne et physicienne (à droite), sera présenté en octobre à l’UTT, lors de la Fête de la Science et de la Technologie, comme ceux des autres binômes.
Quand les nanotechnologies s’invitent dans l’art. Ces duos ont exploré les interactions entre propriétés chromatiques, texturales et structurelles. Théo Minchella, doctorant, a collaboré avec la sculptrice Darta Sidere pour interroger la sensibilité de la pierre et des minéraux. Dans un autre tandem, Théo Duarte, doctorant et Plume Ribout-Martini, artiste plasticienne, ont confronté rigueur scientifique et espaces collectifs, donnant vie à des objets hybrides.
Du 22 avril au 2 mai, Dominique Peysson, plasticienne et physicienne, et Margaux Gaillard, doctorante au laboratoire L2n de l’UTT, ont, à leur tour, exploré ensemble les propriétés intrinsèques de la matière et leurs transpositions plastiques.
Un duo complémentaire
À première vue éloignés, art et science trouvent un terrain d’entente dans la collaboration entre Dominique Peysson et Margaux Gaillard. « Il existe une esthétique propre à la recherche, non pas celle du beau ou du joli, mais celle du bon raisonnement. On vit dans une société où la technologie avance à grande vitesse, et les artistes contemporains sont là pour interroger cette évolution », explique Dominique.
Margaux, elle, n’est pas issue du monde artistique, mais y voit des passerelles : « dans la recherche, on tombe parfois sur des images presque artistiques. Sous le microscope, certaines structures ressemblent à une Voie lactée. » Au fil de la résidence, leur complémentarité s’est imposée d’elle-même. L’une cultive la liberté créative, l’autre veille à la rigueur scientifique : « Dominique me rappelle qu’il ne faut pas viser la perfection, qu’il s’agit d’art et moi, je lui montre ce qui est scientifiquement possible. On est complémentaires ».
« Laisser une trace »
Dominique Peysson, plasticienne et physicienne
Leur projet commun interroge la mémoire du vivant : graver dans le marbre la couleur structurelle de papillons disparus. Une manière de figer ce qui ne peut plus être sauvé — la teinte, le frémissement des ailes et l’empreinte laissée par l’odeur des fleurs qui les entouraient.
Un travail qui fait écho avec la thèse de Margaux, dédiée à la création d’une encre de sécurité pour protéger les biens culturels (sculptures, peintures, etc.). Modifiée par l’ajout de nanoparticules et de brins d’ADN, cette encre invisible et infalsifiable vise, elle aussi, à inscrire des traces durables.